À 81 ans, DJ Gloria fait danser les foules en Suède

07/09/2025

** Article original paru dans Le Devoir.

Agence France Presse

Elle lance la musique et s’éclate derrière les tables tournantes, mixant comme une pro dans sa combinaison à paillettes qui scintille sous les lumières : à 81 ans, DJ Gloria fait vibrer les pistes de danse en Suède.

« Cela fait 16 ans que je suis DJ. Aujourd’hui, je suis très douée, à mon avis », dit-elle à l’Agence France-Presse (AFP) qu’elle accueille dans sa maison de retraite, située dans un quartier verdoyant du sud de Stockholm.

« Il n’y a pas une seule personne que je ne puisse attirer sur le dancefloor », affirme cette grande femme aux cheveux blonds, aux yeux bleus et aux lèvres teintées de rouge.

DJ Gloria, de son vrai nom Madelein Månsson, fait salle comble dans les boîtes de nuit les plus huppées de Suède pour un public de plus de 50 ans — carte d’identité obligatoire ! —, attirant surtout des femmes qui ne demandent qu’à se déhancher.

Lors de l’une de ses récentes soirées au club Josefina au bord de l’eau à Stockholm, sa programmation comprenait des tubes endiablés comme Mamma MiaFunkytownMoves Like Jagger, et I’ve Been Thinking About You.

« Elle est fantastique », raconte avec enthousiasme à l’AFP Eva Jakobson, 63 ans, tout en reprenant son souffle. « À son âge… Elle apporte tellement d’énergie et d’amour. Quand on a plus de 55 ans, ce n’est pas si facile de trouver un endroit où aller danser. Et Gloria a fait ça pour nous toutes », se réjouit-elle.

Une autre participante, Louise, 69 ans, acquiesce. « C’est la meilleure DJ que nous ayons jamais eue en Suède », assure-t-elle. « Elle met toutes ces femmes en avant. Elle les rend fortes. Regardez-les, elles sont jeunes pour toujours. On l’adore ! »

Mme Månsson a décidé de devenir DJ à 62 ans, après le décès de son mari dont elle s’est occupée jour et nuit pendant neuf ans. « J’étais déprimée. Apathique et triste », se souvient-elle.

Elle choisit d’abord de devenir professeure d’aérobique. Préparer la musique pour ses cours était un vrai plaisir, et ses listes ne cessaient de s’allonger. « Un soir, je dînais avec des amis. Nous étions assis dehors, c’était l’été, nous buvions du vin, et je me suis surprise à dire : “Je crois que je vais devenir DJ” », relate l’énergique femme.

Au lit à 23 h

Le fils d’une amie, DJ, lui donne trois cours particuliers, et elle est lancée.

« Je n’étais vraiment pas bonne au début », admet-elle. Elle se rend alors dans divers clubs pour voir comment travaillent les professionnels. Elle découvre alors qu’il n’existe pas une seule boîte qui ouvre avant 23 h.

« Scandaleux ! Je veux être chez moi, et au lit à 23 h. Alors j’ai demandé à une amie, “Tu veux créer avec moi une discothèque pour les plus de 50 ans ?” » Elles dirigent aujourd’hui l’entreprise ensemble.

Les sets de DJ Gloria commencent généralement à 18 h et se terminent vers 23 h. Et chaque soir, même rituel : elle ouvre le bal avec I will Survive, succès emblématique de la chanteuse américaine Gloria Gaynor. « C’est idéal pour démarrer la soirée. […] On est à 116-118 battements par minute. Ni trop rapide ni trop lent », dit-elle.

Parfois, elle termine avec At Last, de Beyoncé, ou un peu d’Elvis. Et, quand l’humeur s’y prête, elle passe Thunderstruck, de AC/DC.

Pendant ses concerts, la Suédoise élancée se tient dans sa cabine, joue avec les molettes de son contrôleur et interagit avec la foule survoltée, son casque étincelant marqué « DJ Gloria » plaqué sur ses oreilles.

Beaucoup de femmes l’approchent pour un selfie, d’autres soumettent leurs requêtes musicales sur des post-it colorés collés sur une table à proximité.

Madelein Månsson suit de près les dernières tendances musicales, puisant son inspiration chez toutes les personnes qui croisent son chemin.

Ancienne chanteuse de jazz, créatrice de vêtements et propriétaire d’un centre de jardinage, DJ Gloria est inarrêtable : réservée un an à l’avance, elle prépare tous ses sets sur sa table de cuisine.

Et ce n’est pas tout : « J’écris un livre sur l’exercice physique pour les aînés, intitulé “Assez bien : un peu, mais souvent” ».