Une librairie… et une longue histoire d’amitié

Texte original sur La Presse.

(Knowlton) Entrer dans l’espace feutré de Livres Lac Brome, une librairie familiale qui a pignon sur rue au cœur du village de Knowlton, c’est s’immerger dans l’univers de Louise Penny.

Laila Maalouf

Avec le Manoir Hovey, à North Hatley, où Louise Penny s’est mariée et qui a inspiré un lieu récurrent dans ses romans, l’endroit figure incontestablement parmi les arrêts préférés des fans de l’écrivaine dans la région. Des lecteurs passionnés viennent du monde entier pour la découvrir – en témoignent tous les drapeaux plantés sur la carte du monde qui occupe un mur de l’espace consacré à l’autrice.

En plus de ses livres, parmi lesquels trônent des exemplaires de ses nombreuses traductions étrangères, c’est là qu’on peut se procurer t-shirts, tuques ou porte-clés affichant le nom du village fictif de ses romans, Three Pines, la librairie étant le vendeur exclusif de tous ces produits approuvés par Louise Penny. Sans oublier les fameuses tasses blanches, ornées de l’inscription Vive Gamache !, dont pas moins de 11 000 exemplaires ont été vendus à ce jour.

« Je vis à Louise Pennyland », s’exclame Lucy Hoblyn, propriétaire de la librairie avec son mari, Danny McAuley.

Le couple – et ses enfants – est derrière chacun des lancements des romans de Louise Penny à Knowlton, depuis le début. « Ça a été un évènement familial depuis le premier jour », souligne Lucy Hoblyn. Son plus jeune fils, Ben, est né l’année de la parution du premier roman de la série Gamache, en 2005. Et déjà, poupon, il assistait aux lancements organisés par ses parents, en compagnie de ses deux frères. Depuis qu’il a 12 ans, c’est lui le photographe attitré, alors que son père anime les rencontres et que toute la famille met la main à la pâte.

« [Lucy Hoblyn et Danny McAuley] font la promotion des romans, bien sûr, mais ils sont aussi de la famille », écrit d’ailleurs Louise Penny dans ses remerciements à la fin de son plus récent titre tout juste arrivé en librairie, Le loup gris.

Une rencontre, 20 ans plus tôt

Lucy Hoblyn a rencontré Louise Penny en 2003, alors qu’elle était gérante de la librairie et que cette dernière travaillait encore comme journaliste à CBC. « Elle venait souvent à la librairie. Nous avons vécu avec elle les difficultés qu’elle a rencontrées pour être publiée, au début, puis tout le processus de publication », se souvient Lucy Hoblyn.

Deux ans plus tard, son mari et elle achetaient la librairie tandis que Louise Penny publiait le premier Gamache, Still Life. Le reste appartient à l’histoire, de son ascension fulgurante dans la liste des best-sellers du New York Times, où elle trône désormais en première position après chaque parution, à son amitié avec Hillary Clinton, qui a mené à l’écriture du thriller État de terreur, paru en anglais en 2021.

L’ancienne candidate à la présidence américaine avait d’ailleurs créé une commotion lors de sa première visite à la librairie, en 2017, avec sa famille, à l’invitation de Louise Penny. « C’était fou, complètement fou, se souvient Lucy Hoblyn. C’était un secret d’État, on ne pouvait en parler à personne – on ne l’a même pas dit aux enfants. Mais tout le monde était au courant une fois qu’ils sont arrivés, avec sept véhicules pour assurer leur sécurité ! »

Au fil de ces 20 ans d’amitié, Lucy Hoblyn confie que sa famille en est venue à développer une relation particulière avec Louise Penny. Plus tôt cette année, le bâtiment dans lequel est logée la librairie s’est retrouvé en vente, causant des préoccupations par rapport à l’avenir du petit commerce.

À son avis, la librairie doit une grande part de son succès à la communauté extraordinaire qui l’entoure. « Depuis le premier jour, nous avons réalisé à quel point cet endroit est magique et comment tout le monde aide ses voisins. » En 20 ans, elle a dû déménager deux fois, et les deux fois, près d’une quarantaine de personnes se sont portées volontaires pour les aider d’une manière ou d’une autre – à commencer par Louise Penny. « Elle était là pour nous aider à classer les livres par ordre alphabétique, ordre qui consistait à s’assurer que ses livres étaient placés à la hauteur des yeux », raconte Lucy Hoblyn en riant.

« Il n’y a pas beaucoup d’auteurs de polars qui ont autant de personnes qui les suivent, ajoute-t-elle. Des auteurs comme John Grisham se vendent très bien. Mais je ne pense pas que les gens se déplacent pour aller là où ils ont choisi de vivre et d’écrire. Ce que Louise Penny fait, c’est une véritable histoire d’amour pour la région qu’elle a choisie comme son chez-soi. C’est magique. »

 

PHOTO MARIKA VACHON

Restez branché avec nous!